Petit historique du château de la Voûte

1. Aux origines : la Gaule et les romains

Le village de Pouillé, comme d’autres alentours (Thésée en particulier) conserve des vestiges archéologiques remontant à l’époque gauloise et gallo-romaine. Des ruines d’un temple dédié à une divinité gauloise, jouxtant des fours de potiers ont été retrouvés au nord du bourg, au bord du Cher. Ils appartenaient à l’ancienne Tasciaca, une agglomération qui s’étendait sur les communes de Thésée, Monthou-sur-Cher et Pouillé.
Des domaines agricoles et des quartiers d’habitation se sont développés autour de l’agglomération gallo-romaine. Il est fort possible que le château de la Voûte se soit implanté sur une de ces anciennes propriétés.

L’histoire proprement dite du château commence réellement à la fin du Moyen Âge.

2. La famille Le Jard et la description architecturale du château.

La seigneurie de la Voûte a relevé de l’archevêché de Tours jusqu’au 20 avril 1595, date à laquelle elle est acquise par René le Jard. La famille le Jard possédait déjà depuis le XIVe siècle, les seigneuries de Boislaîné et de la Brosse, également situées sur Pouillé.
René le Jard aurait fait bâtir un premier château à la Voûte. Hubert le Jard, descendant de René le Jard aurait construit le château actuel à la fin du XVIIe siècle. Sa fille et unique héritière, Marie-Anne Le Jard de la Voûte épouse le 21 janvier 1699 François de Simonneau de Saclas. Dès lors, le château et la seigneurie de la Voûte passent dans la famille de Simonneau.

3. Un hôtel « entre cour et jardin » à la campagne.

En observant bien l’environnement immédiat du château, il semble inspiré d’un autre modèle de construction également né au début du XVIIe à Paris, notamment dans le quartier du Marais. Aristocrates et riches bourgeois acquièrent de larges parcelles de terrain pour se faire construire des hôtels entre cour et jardin.
Le principe de symétrie dans l’organisation des ouvertures est caractéristique de l’architecture du XVIIe siècle que l’on retrouve à Cheverny ou à Maison Laffite.
Au siècle précédent, les architectes français ont cherché à intégrer les principes architecturaux venus d’Italie avec l’architecture médiévale française (Blois, Chambord, puis Azay-le-Rideau et Chenonceau).

4. Le parc : une tradition importée

Il s’agit d’un parc à l’anglaise entièrement planté d’arbres sur pelouse, dont certains sont remarquables. On ignore à quel moment le parc a été aménagé ainsi. Seuls les arbres pourraient donner une idée de datation. La mode des parcs à l’anglaise s’implante en France à la fin du XVIIIe siècle et prend réellement son essor au siècle suivant. Le cadastre napoléonien a été fait en 1834. Le parc pourrait avoir été aménagé entre 1834 et le début du XXe siècle.

5. Le théâtre d’un fait divers

Au milieu du XVIIIe siècle, le château de la Voûte a été le théâtre d’un crime. Le propriétaire du château était alors Louis de Simonneau de la Voûte, fils de François de Simonneau de Saclas et de Marie-Anne le Jard (il est donc le petit-fils du constructeur du château). Il est la victime.

Le 23 février 1748, vers 7h du matin, Louis de Simonneau de la Voûte est sorti de son château pour voir ses ouvriers qui creusaient un fossé autour de son clos de vigne. Il revient ensuite chez lui et alors qu’il longe le mur du château et se trouve à deux pas du portail, un coup de fusil éclate et Louis de Simonneau de la Voûte tombe en criant « Ha, tu m’as donné le coup de la mort !».

Le meurtrier est rapidement identifié : Louis Jérôme de Simonneau, seigneur de la Brosse, communément appelé Galluy. Il s’agissait du cousin de Louis de Simonneau de la Voûte.

Le bailli de Saint-Aignan s’est retrouvé à mener l’enquête conjointement avec Jacques Godeau, aumônier du roi et chanoine de la collégiale de Saint-Aignan, commis pour les dépositions des fidèles. La collaboration s’est avérée fructueuse.
D’après les dépositions, Galluy avait été vu en train de rôder journellement près de la Voûte avec son fusil durant la semaine qui avait précédé le crime. Il avait également proféré des menaces de morts à plusieurs reprises à l’encontre de son cousin, et devant témoin. Pour connaître les raisons d’une telle haine, il faut remonter une génération en arrière.
Les raisons du différend :
– La cause profonde : 4000 livres non remboursées et une chicane de seigneurie.
– Une jalousie familiale née d’une décadence de la branche de la Brosse face à celle de Voûte.
– Une querelle de préséance à l’église de Pouillé.

L’élément déclencheur du meurtre fut une querelle de préséance à l’église. Ce document a déjà suscité des tensions au temps des le Jard. La contestation s’est poursuivie avec la famille de Simonneau.
Galluy est parti très certainement en Espagne et n’a jamais été retrouvé. Il a été condamné par contumace à avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vifs sur un échafaud, et à être exposé ensuite sur une roue, face tendue vers le ciel.

Marie-Elisabeth Gittard et ses enfants ont conservé la propriété de la Voûte mais se sont définitivement installés à Saint-Aignan. En 1767 Louise a épousé Philippe de Vallois du Vivier, un jeune aristocrate vivant du côté de Romorantin et possédant une belle fortune. En 1769, Marie-Suzanne s’est mariée à son tour avec Nicolas Paillard de Clermont. Les deux sœurs ont reçu en dot la moitié chacune de la seigneurie de la Voûte et d’autres biens, pour solder notamment l’héritage de leur père et de leurs tantes paternelles.
En 1776, Philippe Vallois du Viviers a vendu la part de la Voûte qui revenait à sa femme. La famille Paillard de Clermont a possédé la Voûte jusque dans les années 1870, date à laquelle ils s’en sont séparé, au profit de Louis Narcisse Simon. Constructeur du mur de clôture actuel de la propriété, il l’a revendue en 1891 à un certain Brange de Bourcia-Bayle, qui était commandant d’infanterie à Clermont-Ferrand.

Par la suite, plusieurs propriétaires se sont succédé sans aucun rapport familial ou historique avec les piliers fondateurs du domaine et ce, jusqu’à nous, à ce jour !

Nous sommes des passeurs et avons à cœur de conserver ce patrimoine si typiquement français. En venant y séjourner, vous contribuez – soyez-en remerciés – à sa conservation et sa restauration récente. Sa sauvegarde n’est assurée que sur fonds personnels.

Le nom de château de la Voûte a été remplacé par celui de manoir de la Voûte pour une question de dépôt de nom de domaine sur internet. Il existe, en effet, un autre château de la Voûte dans le département du Loir et Cher, lui aussi est exploité en maison d’hôtes et ses propriétaires avaient déjà déposé, sur le web, le nom de « château de la Voûte ».
Même si sur internet, le château de la Voûte a dû troquer son nom d’origine, il n’en reste pas moins localement le « château » dans lequel nous sommes heureux et fiers de vous accueillir !